Accompagnement thérapeutique des hommes victimes de maltraitance conjugale (physique, économique, sexuelle...): une approche intégrative
- Admin
- 10 sept.
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La maltraitance conjugale est principalement associée, dans la conscience collective et médiatique, aux femmes victimes. Toutefois, une part significative des victimes sont aussi des hommes, souvent invisibilisés ou minoritaires dans les statistiques officielles et les dispositifs d'aide. En France, selon une enquête récente, près d'un quart des victimes de violences conjugales sont des hommes, avec près de 30% de victimes de violences déclarées parmi eux en 2022. Ces violences se manifestent sous diverses formes : physiques (coups, blessures), psychologiques (humiliations, menaces, isolement), sexuelles, économiques (contrôle des ressources, privations). Elles ont des impacts sévères sur la santé mentale et physique, engendrant fréquemment des troubles anxieux, dépression, stress post-traumatique, troubles somatiques liés au stress chronique et à la violence répétée.
Cependant, ces hommes font face à d'importants freins à la reconnaissance de leur souffrance, au tabou social sur la masculinité blessée, et à une faible tendance à porter plainte ou à demander de l'aide. Socialement, la masculinité traditionnelle valorisant la force, l'autonomie et la maîtrise émotionnelle freine souvent la reconnaissance du rôle de victime chez les hommes, engendrant des sentiments de honte, de culpabilité et d'isolement.
Ces facteurs expliquent en partie la faible proportion des hommes déposant plainte (3%) versus celle des femmes (10%).
Ce post propose une exploration mon mode d’accompagnement adapté à ces hommes, fondée sur les thérapies brèves, enrichies d'outils reconnus et efficaces, validée tels que la neurothérapie par mouvements oculaires, la thérapie systémique, l'hypnose ericksonienne et la programmation neurolinguistique.
Spécificités du soutien aux hommes victimes de maltraitance conjugale
Le peu de recours des hommes aux dispositifs d'aide traditionnels n'est pas un indicateur de leur absence de souffrance, mais souvent un reflet des normes sociales et barrières culturelles qui complexifient leur expression de la vulnérabilité. Les hommes victimes utilisent fréquemment leurs ressources personnelles (famille, amis, réseaux...) avant d'envisager un accompagnement thérapeutique. Cela souligne la nécessité d'une approche bienveillante, respectueuse, non stigmatisante, et surtout axée sur la restauration de leur estime de soi, la reconnaissance de la position de victime, et la sécurisation de leur environnement.
Mon approche fondée sur les thérapies brèves
Elle repose sur la compréhension de la communication comme fondement des dynamiques relationnelles. En thérapie, cela implique de percevoir la violence non seulement comme une action individuelle, mais surtout comme une interaction entre partenaires, un mode dysfonctionnel de communication à modifier. La thérapie vise à faire émerger la co-construction de ces violences, ouvrant ainsi la voie à de nouveaux modes d'interactions plus sains et sécurisants.
Intégration de la neurothérapie par mouvements oculaires (EMDR, DNR, IMO et autres)
La neurothérapie par mouvements oculaires est une technique utilisée pour traiter les traumatismes complexes, dont ceux résultant de violences conjugales répétées ou sévères. Cette méthode permet, grâce à une attention partagée entre le souvenir traumatique et des stimulations bilatérales (mouvements oculaires, tactiles ou sonores), de désactiver la charge émotionnelle qui maintient le traumatisme actif dans le cerveau, notamment en apaisant les zones liées à la peur comme l'amygdale. En résultent une diminution des symptômes liés au stress post-traumatique et une possibilité accrue de réinterprétation cognitive et émotionnelle du vécu douloureux.
La thérapie systémique dans l'accompagnement
La thérapie systémique complète cette approche en élargissant la focalisation vers la dynamique relationnelle globale, incluant la famille et les systèmes environnants. Elle vise à comprendre la violence comme un symptôme d'un système dysfonctionnel et propose d'apprendre au couple, ou à la personne avec son contexte, des stratégies de communication et des modes d'action favorisant le dépassement du conflit et la reconstruction d'une posture protectrice et autonome. Dans le cas des hommes victimes, il s'agit aussi de réhabiliter une image de soi cassée par la maltraitance.
Hypnose ericksonienne et PNL : renforcer les ressources internes
L'hypnose ericksonienne, avec son approche indirecte, métaphorique et respectueuse du rythme du client, facilite l'accès à des ressources inconscientes et une reprogrammation des réponses émotionnelles et comportementales face au traumatisme. La PNL, quant à elle, offre des outils pour modifier les schémas limitants de pensée et de communication, permettant de restaurer une estime de soi positive et des stratégies relationnelles adaptées.
Accompagner les hommes victimes de maltraitance conjugale nécessite une approche multidimensionnelle et intégrative. Mon utilisation des thérapies brèves apporte un cadre de solutions orientées, centré sur les interactions et la communication. Associées à la neurothérapie par mouvements oculaires, à la thérapie systémique, ainsi qu'à l'hypnose ericksonienne et à la PNL, elles offrent des outils puissants pour dénouer les traumatismes, reconstruire la confiance en soi et restaurer des modes relationnels sains. Ce modèle thérapeutique, rigoureux et adaptable, privilégie le respect de la subjectivité masculine, l'autonomisation et la pérennité des changements.
Bibliographie
Shapiro F. (2018). Thérapie de désensibilisation et de retraitement par les mouvements oculaires (EMDR), troisième édition : principes de base, protocoles et procédures.
Watzlawick P., Weakland J., Fisch R. (1974). Changement : Principes de formation et de résolution des problèmes.
Manet G. (2013). L'hypnose et l'EMDR pour calmer la violence, les angoisses et les conflits du couple.
Beaulieu D. (2003). L'intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires (IMO).
Delville J. (2007). Agressivité, violence et relation.
Plateforme EMDR (2023). L'efficacité du thérapie Mouvements Oculaires.
Article de recherche pris en charge d'hommes victimes de violence au sein du couple (CHUV)




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