Harcèlement scolaire : Comprendre, Agir, Prévenir

Le harcèlement scolaire reste une problématique majeure en France, touchant plus de

600 000 élèves chaque année, soit en moyenne plus d'un élève par classe. Il ne connaît ni frontières régionales, ni limites d'âge, impactant les enfants du primaire, collégiens et lycéens.

Harcèlement, prise en charge

Réalités et chiffres actuels

En 2024, les études nationales révèlent :

• Prévalence :

  • École primaire (CE2-CM2) : 5% des élèves harcelés (environ 317 480 enfants)

  • Collège : 6% (203 838)

  • Lycée : 4% (90 040)

• Le risque est particulièrement élevé au collège, où la dynamique de groupe amplifie le phénomène.

• Un élève victime de harcèlement répétitif (5 fois ou plus au collège) est 10 fois plus susceptible d'éprouver une dégradation de sa qualité de vie, pouvant entraîner absentéisme, baisse des résultats, anxiété, dépression, voire pensées suicidaires.

Témoignage type

Thomas, collégien fictif mais représentatif, subit chaque jour des moqueries sur son apparence. Les insultes passent ensuite sur les réseaux sociaux, aggravant son isolement et ses difficultés scolaires. Un cas malheureusement fréquent qui montre l'urgence d'une intervention rapide .

Prise en charge et thérapies brèves

La souffrance liée au harcèlement scolaire peut être prise en charge grâce à des approches innovantes, dont les thérapies brèves :

• Approche stratégique (inspirée de Palo Alto) : vise à aider l'enfant à sortir du cercle vicieux par des changements de comportement ciblés. Par exemple, Marie Quartier propose, face à un enfant qui se fait prendre son goûter, de lui suggérer d'en apporter une abondante et de le partager volontairement, ce qui retire tout intérêt à l'acte de harcèlement. Ce type de stratégie « à 180° » permet de désamorcer l'agression tout en travaillant l'estime de soi de l'enfant.

• Accompagnement systémique : le harcèlement est envisagé comme une conséquence d'interactions au sein du groupe. Il convient donc de soutenir à la fois les victimes et les auteurs, en leur proposant des ateliers d'empathie, de réparation, et des groupes de parole pour renforcer les compétences sociales.

• Interventions en groupe : Sensibilisation collective, formation de groupes de soutien, promotion de dynamiques inclusives sont des leviers efficaces pour prévenir et stopper la spirale du harcèlement.

• Résolution stratégique : Proposer aux élèves des solutions concrètes pour désamorcer les conflits, tout en inévitable les diagnostics coupables qui enferment la victime dans son rôle.

Le rôle des parents : vigilance, dialogue et signalement

• Vigilance à la maison : Changement soudain de comportement, réponse sur soi, baisse des résultats… autant de signaux d'alerte.

• Dialogue ouvert : Encourager la parole en famille et déculpabiliser l'enfant pour briser l'isolement.

• Signalement et accompagnement : Utiliser le numéro national 3018 pour alerter l'Éducation nationale ou solliciter des associations spécialisées.

• Soutien émotionnel : Valoriser l'enfant, l'accompagner chez un psychologue ou en thérapie brève si nécessaire.

Les actions de l'Éducation nationale et du gouvernement

Depuis 2023, la France a renforcé sa politique interministérielle de lutte contre le harcèlement scolaire :

• Programme Phare généralisé en 2022 et étendu en 2025 représente l'action coordonnée des établissements.

• Signalement et transmission à la justice : Tout cas grave est systématiquement transmis au procureur de la République.

• Formation massive : Objectif 100% du personnel formé d'ici 2027. Les coordinateurs harcèlement travaillent désormais dans chaque établissement.

• Systématisation de la sensibilisation : Deux heures banalisées lors de la journée nationale contre le harcèlement, questionnaire d'autoévaluation anonyme pour chaque élève du CE2 à la terminale.

• Exclusion et sanctions numériques : Les élèves harceleurs peuvent être exclus des réseaux sociaux et se voir confisquer leur téléphone, afin de rompre la chaîne du cyberharcèlement.

• Emplois dédiés : 150 postes entièrement dévolus à la lutte contre le harcèlement scolaire, dont 120 dans les départements français.

Références bibliographiques principales

• Paul Watzlawick : « Faites vous-même votre malheur », 1983.

• Emmanuelle Piquet : Approche stratégique de la thérapie brève (Institut Grégory Bateson, Centre Criss).

• Marie Quartier : Outils de résolution par les thérapies brèves et intervention systémique.

• Rapports du ministère de l'Éducation nationale : mesures et bilan du plan interministériel 2023-2025.

• Études nationales DEPP, CNIS, CIDFP, Sciences Humaines .

  
  

Conclusion

Le harcèlement scolaire n'est pas une fatalité, mais exige la mobilisation de toute la société. Les parents, l'école et l'État doivent travailler ensemble, grâce à des politiques préventives, des accompagnements adaptés et une vigilance de chaque instant. Vous trouverez sur www.psykoenig.com des ressources pour aller plus loin et accompagner au mieux les enfants victimes, tout comme les familles qui souhaitent agir concrètement.

Pour signaler une situation ou demander de l'aide, appelez le 3018 .

Pour en savoir plus :

• Ministère de l'Éducation nationale, lutte contre le harcèlement

• Centre Criss et Institut Gregory Bateson, thérapies brèves

• Enquêtes nationales CNIS, CIDFP