La gestion de l'adultère
- Admin
- 8 sept.
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L'adultère, souvent vécu comme une crise existentielle et relationnelle, appelle une réponse thérapeutique à la hauteur de la souffrance qu'il déclenche. Les thérapies brèves issues de l'école de Palo Alto et la méthode systémique de Virginia Satir, que je pratique, offrent des perspectives originales et puissantes pour dépasser ce traumatisme, restaurer la communication et favoriser la croissance des individus et du couple.
Dépasser la crise par le changement des interactions
Mon approche considère la souffrance non comme une pathologie individuelle, mais comme le fruit de schémas relationnels répétitifs et insatisfaisants. Ainsi, la résolution de l'adulte ne passe pas uniquement par l'analyse des causes, mais par la modification des modèles interactionnels qui l'ont entretenus et aggravés.
En pratique, la thérapie brève stratégique invite à identifier ce qui a été tenté en vain pour régler le problème (contrôle, surveillance, reproches) et à oser l'inverse, souvent par des interventions paradoxales ou contre-intuitives. Travailler sur le « système couple », c'est analyser les communications, les interprétations, les attentes et proposer de nouveaux modes d'échange pour sortir de l'impasse.
La thérapie brève vise des changements observables en 6 à 10 séances sur des problématiques telles que l'infidélité, en s'appuyant sur des prescriptions concrètes et adaptées à chaque dynamique.
Transformer la blessure en occasion de croissance
Virginia Satir, figure fondatrice du Mental Research Institute à Palo Alto, a révolutionné la thérapie familiale en centrant son travail sur la croissance personnelle et relationnelle. Selon elle, chaque être humain possède en lui les ressources nécessaires à son propre changement et à la réparation du système familial. L'adultère, dans cette perspective, n'est plus un « cas » à traiter mais un symptôme relationnel révélant des besoins profonds non comblés : reconnaissance, estime, validation, congruence intérieure.
L'accompagnement s'appuie sur plusieurs outils puissants :
Reconstitution du système familial : Identifier les rôles figés (blâmeur, victime, sauveur…) et permettre à chacun d'explorer son authenticité.
Sculpture familiale : Mise en scène corporelle des dynamiques relationnelles pour rendre visible l'invisible et favoriser la prise de conscience.
Communication congruente : Encourager une parole vraie, alignée sur le ressenti, et exclure le blâme dans un espace sécurisé.
Estime de soi et responsabilités personnelles : Renforcer la capacité à se voir, s'entendre et s'affirmer, pour permettre des choix nouveaux et responsables.
Son processus de changement s'articule en cinq étapes : reconnaissance du symptôme, exploration des besoins, transformation de la posture, expérimentation de nouveaux comportements, consolidation du changement. L'objectif n'est pas de « régler » simplement l'adultère, mais d'en faire un tremplin vers une croissance individuelle et collective, quitte à aboutir parfois à une séparation réussie et respectée.
Stratégies concrètes issues des thérapies brèves
Pour accompagner la gestion de l'adultère, un psychopraticien formé à la systèmique palo-altienne travaillera selon plusieurs axes :
Créer un espace de non-jugement et de dialogue authentique .
Identifier les tentatives de solutions inefficaces et proposer des alternatives paradoxales (par exemple, inviter à exprimer l'angoisse de contrôle sans passer à l'acte de surveillance).
Sculpter les relations pour défaire les rôles dysfonctionnels et redonner à chacun sa responsabilité .
Travailler sur l'estime de soi des partenaires, essentiel à la reconstruction du lien .
Soutenir la congruence et la communication vraie sans blâme ni dramatisation .
Références scientifiques et bibliographiques
Satir, V. (1988). La nouvelle façon de faire les gens. Livres sur les sciences et le comportement.
Satir, V. (1975). Thérapie familiale conjointe. Palo Alto : Science and Behavior Books.
Emmanuelle Piquet (2019). « Traiter les souffrances en milieu scolaire et périscolaire » (Université de Bourgogne).
Beer-Becker, D. (2024). «L'infidélité : comment se remettre d'une mésaventure dans une relation amoureuse», Blake Psychologie.
Jackson, D. ; Haley, J. ; Bateson, G. ; Watzlawick, P. (1974). Changements : Paradoxe et Psychothérapie. Paris : Le Seuil.
Delourme, A., Sauzède-Lagarde, A., Sauzède, J.-P. «Le couple à l'épreuve de l'infidélité: La thérapie de couple aide à surmonter la tromperie».
Pistes pratiques pour les couples
Accueillir la crise comme un révélateur de besoins non exprimés.
Saisir l'opportunité de redéfinir les règles du jeu relationnel.
Valoriser la parole vraie, la responsabilité personnelle, et la croissance partagée plutôt que la recherche du « coupable ».
Accepter que la réussite thérapeutique ne se mesure pas à la « réparation » du couple, mais à la capacité pour chacun de retrouver sérénité, autonomie et intégrité.
Par l'intégration des outils issus de l'école de Palo Alto et des principes profondément humanistes de Virginia Satir, la gestion de l'adulte peut se transformer en une expérience de guérison et de renouveau relationnel.
Cette approche favorise une sérénité durable et un mieux-être global, fidèle à ma philosophie d'accompagnement.
La thérapie systémique aide le couple à reconstruire la confiance à travers un processus structuré en plusieurs étapes concrètes, favorisant l'émergence de nouveaux modes relationnels et la restauration de la sécurité émotionnelle.
Étapes clés de la reconstruction systémique
1. Création d'un espace sécurisé et d'alliance
Le thérapeute débute par créer une alliance avec le couple, définissant un cadre de confidentialité, de respect et de non-jugement. Cela permet à chacun de s'exprimer sur ses attentes, ses émotions et de commencer à identifier l'ensemble des difficultés et des besoins du couple.
2. Identification et reconnaissance des schémas relationnels
L'approche systémique analyse les interactions et les cycles répétitifs qui ont mené à la rupture de confiance. À ce stade, il s'agit de repérer les rôles, positions de survie (victime, blâmeur… selon la psychothérapeute Virginia Satir) et dynamiques dysfonctionnelles, afin que chaque partenaire puisse prendre conscience de sa propre contribution au problème.
3. Validation émotionnelle et désescalade du cycle négatif
Le thérapeute facilite la reconnaissance des émotions profondes (peur, tristesse, colère) et l'expression du vécu de chacun. Amener les partenaires à valider et comprendre l'impact de la tragédie permet de commencer à désamorcer les réactions défensives et à désescalader la tension émotionnelle.
4. Modification des interactions et expérimentation de nouveaux comportements
Des exercices sont proposés pour transformer les modes de communication et initier de nouvelles façons d'interagir. Satir recommande des techniques telles que la « sculpture familiale » ou des prescriptions de changement (rituels, temps de parole structuré, expression congruente aux besoins). Le couple apprend à exprimer ses attentes, à écouter réellement l'autre et à restaurer la complicité par des actes concrets.
5. Consolidation et autonomisation
L'autonomisation du couple est favorisée par l'intégration progressive des changements relationnels, la prévention des rechutes et le renforcement de l'estime de soi individuelle et mutuelle. Le thérapeute guide le couple vers la reconnaissance des progrès accomplis et l'ancrage des nouveaux codes de confiance, souvent par l'espacement des séances et la préparation à de futurs défis.
6. Clôture et célébration des progrès
La démarche se conclut par un bilan des transformations, une célébration des avancées, et l'invitation à continuer de nourrir la confiance dans une dynamique d'ouverture et de croissance.
Synthèse des outils spécifiques
Génogramme et sculpture familiale pour visualiser les dynamiques.
Exercices de communication congruente et d'empathie.
Validation émotionnelle et reconnaissance des rôles de survie.
Prescription de rituels de réparation et d'engagement commun.
Ce processus systémique permet de restaurer la confiance par la prise de responsabilité, l'expression authentique et l'expérimentation structurée de nouveaux comportements relationnels au sein du couple.
Les approches systémiques peuvent être adaptées lorsque le divorce ou la séparation devient probable, en mettant l’accent sur la rénovation des liens, l’accompagnement émotionnel et la coparentalité.
Adaptation de l’approche systémique pour la séparation
1. Clarté et acceptation du changement
La thérapie systémique aide les partenaires à clarifier le statut de leur relation, à reconnaître l’impasse et à accepter que la séparation puisse être une étape constructive. Le thérapeute favorise une communication honnête sur les sentiments, attentes et peurs afin de pacifier la rupture.
2. Sécurisation de l’espace émotionnel
La démarche systémique veille à la gestion des affects (colère, tristesse, culpabilité) en proposant un contenant thérapeutique, où chaque partenaire peut déposer son vécu sans jugement ni hostilité en insistant sur l’importance d’exprimer ses émotions et de travailler la congruence pour retrouver sérénité et estime de soi, même dans un contexte de séparation.
3. Soutien à la coparentalité et à la famille élargie
En cas de divorce, la priorité est donnée à la préservation des relations parentales et à la protection des enfants : le thérapeute systémique organise des séances de médiation, clarifie les rôles et guide vers des modalités de coparentalité respectueuses et collaboratives.
4. Harmonisation des systèmes familiaux élargis
Les praticiens systémiques interviennent sur les liens transgénérationnels et les schémas répétitifs d’attachement ou de séparation, notamment par des outils comme la « sculpture familiale » ou les constellations.
5. Accompagnement à la reconstruction individuelle
Chacun des ex-partenaires est invité à travailler sur la reprise de son autonomie, la gestion du deuil relationnel et l’élaboration de nouveaux projets de vie, en favorisant le dialogue intérieur et la valorisation des ressources personnelles.
6. Prévention des conflits et du passage à l’acte
La thérapie aide à poser des limites claires, à exprimer les non-dits grâce à des exercices bienveillants, et à négocier sereinement la séparation ou le divorce dans le respect mutuel.
Points spécifiques
Encourager la congruence, la reconnaissance des émotions et le dialogue vrai.
Valoriser la croissance individuelle dans la tempête du changement.
Utiliser la sculpture familiale pour rendre visible les enjeux et redéfinir les liens essentiels après la séparation.
Ce cadre transforme la séparation en démarche de croissance et de responsabilisation, tout en prévenant les blessures additionnelles et en permettant à chaque membre de la famille de rebâtir une vie harmonieuse.
Des protocoles spécifiques issus de la thérapie systémique permettent de protéger le bien‑être des enfants pendant la séparation, en mettant l’accent sur la sécurité affective, l’expression des émotions et la coparentalité saine.
Protocoles essentiels pour préserver l’enfant
1. Annonce conjointe et adaptée
Annoncer ensemble et clairement la séparation, avec un message rassurant, proportionné à l’âge, qui évite la mise en cause ou le détail du conflit parental.
Souligner que la décision est d’adulte, que l’enfant n’est jamais responsable, et que rien ne change quant à l’amour de chaque parent.
2. Instaurer la coparentalité et la coordination
Maintenir un contact régulier, chaleureux et équilibré avec les deux parents, par un horaire résidentiel stable et transparent, adapté à l’enfant.
Protéger la relation avec la famille élargie (grands-parents, fratrie) pour renforcer les repères affectifs.
Pratiquer la coordination parentale ou médiation familiale pour limiter les conflits et garantir l’application équitable des accords parentaux.
3. Accueil des émotions et mise en place d’un espace d’expression
Offrir à l’enfant la possibilité de parler, questionner et exprimer tristesse, colère ou inquiétude dans un cadre thérapeutique, en famille ou individuel.
Encourager l’enfant à garder une discipline et des activités stables dans ses deux foyers et à exprimer librement son ressenti sans être instrumentalisé.
4. Préserver le respect et l’image des deux parents
Veiller à ne pas dénigrer l’autre parent, éviter les disputes ou justification du conflit devant l’enfant, pour prévenir le conflit de loyauté.
S’assurer que l’enfant n’a pas à « choisir » ou à porter la douleur des adultes, mais qu’il reste libre de ses liens et de ses émotions.
5. Suivi thérapeutique et interventions en cas de tension
Privilégier les entretiens familiaux ou parentaux pour travailler collectivement la transition et l’adaptation.
Mettre en place une médiation ou un suivi psychothérapeutique intégratif si le conflit est persistant, afin de privilégier la restauration du lien parent-enfant et la coparentalité fonctionnelle.
Protocole psychojudiciaire ou PIFE (intervention familiale encadrée) pour les situations complexes ou hautement conflictuelles.
6. Soutien à la continuité scolaire, médicale et sociale
Garantir un suivi équitable des besoins médicaux, scolaires, loisirs et religiosité en cohérence avec les valeurs familiales.
Ces protocoles visent à préserver la sécurité affective, à limiter les effets traumatiques et à favoriser une résilience durable chez l’enfant tout au long de la séparation familiale.




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